lundi 27 juin 2011

LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE A CRESSY: 1789-1794

Il est rare de trouver des éléments sur la Révolution française dans nos villages. Et oui, la Révolution ne fut pas qu'à Paris, elle a eu lieu aussi à Cressy.
Alors, je vais vous présenter les faits qui se sont produits à Cressy entre 1789 et 1794.

En 1789, le village compte 10 cultivateurs, 2 tailleurs, 4 couvreurs, 1 tourneur, 1 charron, 1 toilier, 1 marchand de bois, 2 journaliers, 1 curé et 1 instituteur.
Messieurs Le Vasseur, Maillard, Farcy et Allain sont laboureurs, Le Sot est tailleur, Le Coeur est couvreur en chaume, Pinchon est tourneur, Caillot est charron, Lecomble est marchand de bois, Le Barbier est prieur et Petit est instituteur.
En cette année, la paroisse de Cressy paie 2330 livres de taille, accessoires et capitation. Sont exempts de ces impôts Dom Germain Paulmier, prieur; Dom Pierre Richomme, sous-prieur; Nicolas Le barbier, prieur et Louis Petit, clerc de la paroisse.

En 1790, la paroisse compte 305 habitants.

En 1791, la paroisse est divisée en 3 communautés correspondant aujourd'hui au centre-village et aux 2 hameaux (Mont-Roty et Bout-de-Cressy):
1- La communauté du Mont-Roty. Celle-ci est bornée à l'est par Saint-Hellier, au nord par Saint-Hellier et Fréval, à l'ouest par le chemin arquois et au sud par la Grande Rue de Cressy (actuelle rue de la Dame Blanche), qui part du chemin arquois par la croix Douillet. Concernant cette croix de chemin, nous n'avons aucun document.
2- La communauté du Bois de la Dame. Celle-ci est bornée à l'est par Saint-Hellier, au nord par le chemin de Saint-Hellier et la Grande Rue de Cressy jusqu'au chemin arquois, au sud par Sévis et à l'ouest par le chemin arquois.
3- La communauté des Vieilles-Rues. Celle-i est bornée à l'est par le chemin arquois, au nord par Cropus, à l'ouest par l'ancienne voie romaine Arques-Rouen, et au sud par l'ancienne commune des Hérichards dite des Garennes dont la paroisse de Cressy en jouit avec Sévis et Montreuil-en-Caux.

Cette année 1791 voit le départ de monsieur Lebarbier comme prieur qui a l'abbé Debonne comme vicaire. Ce départ marque la fin de la grande épopée du prieuré de Cressy qui devient simple cure.
Le 6 février 1791, l'abbé Debonne ainsi que Lebarbier refusent de prêter serment à la nouvelle constitution, comme l'exige le décret du 20 décembre 1790 et du 9 janvier 1791. L'abbé Debonne est donc contrait d'émigrer. Il réapparait dans les registres comme vicaire à Sévis le 31 janvier 1803.
Le 4 juillet 1791, installation de l'abbé Turpin à Cressy. Prêtre assermenté, il donne sa démission le 5 mars 1793. Il reste tout de même comme notable à Cressy et reprit ses fonctions de prêtre inclus jusqu'au retour des prêtres en exil.

1793 est l'année la plus violente de cette période révolutionnaire à Cressy. En effet, dans le village, la rage révolutionnaire est plus grande que dans les communes alentours. Les paroissiens sont loin de se traiter en frères. La paroisse s'en ressentie.
Diverses actions sont menées: les vases sacrés sont enlevés, les statues des saints sont brûlées, la croix du clocher est enlevée ainsi que tous les ornements de l'église.
En cette période, Cressy fait partie du canton d'Auffay. D'ailleurs le marché d'Auffay est fourni exclusivement par les artisans et fermiers de Bazomesnil, Bracquetuit, Auffay, Cressy, Cropus, Etaimpuis, Heugleville-sur-Scie, Loeuilly, Montreuil, La Pierre, Saint-Denis, Sévis et Vassonville.
Le 12 mars 1793, il est porté à Dieppe, en lieu sûr, un soleil, un calice avec patène, un ciboire, 2 boîtes d'argent pesant 5 livres ensemble, 16 chandeliers, 2 aspersoirs, 3 sceaux, 1 lampe, 1 croix, 1 crucifix de 1 livre... Allain fils est maire de Cressy.
Le 13 mars 1793, il est transporté l'argenterie, les cuivres et autres objets appartenant au culte de l'église de Cressy. Cette mise en sécurité fait suite à la démission de l'abbé Turpin.
Le 18 mars 1793, enlèvement des plombs, fer, linge pouvant servir dans les hôpitaux, ainsi que les ornements. L'église Notre-Dame est donc dépouillée. Monsieur Allain est agent national.
Le 19 mars 1793, délibération obligeant à retirer le plus tôt possible les statues, images de saints, et toutes marques de fanatisme qui sont dans l'église de Cressy. Ce fanatisme pouvant "blesser la liberté et la Raison". Tous ces ornements sont enlevés car ils sont un signe de richesse, du fait qu'il existe dans la commune un certain fanatisme et une superstition. La croix qui se trouve sur la flèche du clocher devra être enlevée sans délai par monsieur Parmentier de la commune de Lintot. Tout celà se passe durant la période de changement du calendrier (11 avril 1793), où les mois seront dorénavant divisés en 3 décades.
Le 1er avril 1793, les lettres de prêtrise de l'abbé Turpin sont envoyées à Dieppe.
Le 28 avril 1793, le presbytère est loué à l'abbé Turpin, ancien curé, moyennant la somme de 124 livres.
Le 9 mai 1793, l'église est choisie comme lieu de salpêtre, ce qui la sauve d'une démolition certaine!
Le 11 mai 1793, Parmentier de Lintot retire la croix du clocher.
Le 29 septembre 1793, délibération du conseil pour faire descendre les 2 cloches pour les emmener à Rouen, à la fonderie des canons. Nicolas Caltot les descend le mardi 1er octobre pour la somme de 15 livres, et Nicolas Mallet les porte à Rouen le 15 octobre pour 80 livres. La cloche de 1710, toujours dans le clocher a échappé à cette malédiction.

En 1794, la commune compte 370 habitants.
Le 10 janvier de cette année, délibération pour enlever les croix du cimetière, de la place publique, du carrefour, sous un délai de 3 jours.

Voilà les faits de la Révolution française dans ce petit village cauchois! Qui pouvait croire en une Histoire aussi mouvementée, dans un village paisible en apparence. Cressy a une histoire riche et surprenante.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire